Tout être humain a ses propres croyances et convictions
issues de son histoire, de son vécu.
Ces convictions sont plus ou moins exprimées, et de façon
plus ou moins conscientes. Par exemple :
- Si j’ai tendance à ne croire que ce que je vois, je vais systématiquement demander apport de preuves dès que je ne suis pas convaincu par une proposition.
- Si je fais naturellement confiance aux experts - puisqu’ils sont les meilleurs de leur domaine, je vais m’appuyer aisément leurs conclusions et recommandations.
- Si je suis d’un naturel guère optimiste, j’aurais tendance à voir davantage le manque d’eau dans le verre, et à le faire remarquer, au risque d’être perçu comme souvent négatif.
Nos convictions et nos croyances transparaissent donc au
travers de nos comportements , de nos postures, dès lors que nous sommes en
interaction sociale.
Certaines postures sont conscientes et assumées (je suis un
leader, je n’hésite donc pas à me mettre en avant et à dire ce que je pense),
d’autres sont inconscientes (croisement des bras en réunion en phase d’ennui,
etc.).
Et, évidemment, comme l’on est en interaction avec son
environnement social, les transformations de mes convictions en postures,
telles des réactions chimiques, auront des résultats plus ou moins attendus ou
voulus.
Ainsi, croiser ses bras en réunion sera interprété par
certains comme un signe de fermeture, voire d’ennui, quand d’autres n’y verront
qu’une pose du corps comme une autre.
Autre exemple : lors d’une convention avec ses cadres,
le dirigeant de l’entreprise fait un « show à l’américaine ». Une
partie de l’assemblée ressort de là gonflée à bloc, pleine d’énergie. D’autres
ont trouvé que cela manquait de sincérité, qu’on masquait la réalité sous les
paillettes, et ont donc nettement moins adhéré au discours. Chacun(e) a
pourtant assisté au même évènement, mais a interprété différemment les postures
de son dirigeant.
La roue des postures |
Et c’est là que se met en route « l’engrenage des postures » : notre propre « roue des postures » (nos convictions influent nos postures, ce qui engendre des résultats venant alimenter nos convictions) engrène avec celle d’autres personnes.
Ainsi, les postures du dirigeant sont analysées au regard
des convictions et croyances de ses N-1, qui eux-mêmes vont prendre des
postures au regard de leurs croyances, donc différentes, postures qui seront
interprétées par leurs N-1 également, suivant les mêmes principes. Et ainsi de
suite sur toute l’échelle hiérarchique de l’entreprise.
Quant au dirigeant, il voit les conséquences des postures
prises par chacun dans l’entreprise, ce qui vient confirmer ou modifier ses
propres convictions, donc ses postures, donc ses résultats.
Et la cascade d’engrènements continue à l’infini…
L'engrenage des postures |
Une des difficultés en leadership est donc d’avoir le meilleur accord entre ses convictions et ses postures, afin d’avoir le moins de possibilités d’interprétations par des tiers. Car qui dit interprétations différentes dit potentiellement doutes. Soit doutes sur la sincérité des messages transmis, donc sur la personne en tant que leader dans le pire des cas. Soit doutes sur la décision et sa vraie mise en application dans un futur proche. Et dans ce cas, c’est l’efficacité du dirigeant et de son entreprise qui est mise en péril.
Le véritable leader doit être semblable au
cristal : ses postures doivent clairement refléter ses convictions,
sans ambiguïté. Ensuite, on n’adhère ou pas à l’image renvoyée, mais ceux qui
suivent sciemment ce leader ne sont pas trompés ; ils savent qui ils suivent
et pourquoi.
Et
autant en management l’adaptation des postures et du comportement d’un manager
en fonction de la situation et du collaborateur peut être une force, autant en
leadership cette attitude peut être néfaste. Le leader pas manager ou le manager
pas leader, ça vous dit quelque chose ?Auteurs : Xavier Baudard & Patrick Buffet